2 décembre 2024 1 02 /12 /décembre /2024 12:04

 

 

 

 

Noël, c’est cette grande période de transhumance où les familles entendent retrouver leurs membres en bravant les distances que la vie et la profession ont creusées entre eux. La grande énigme de Noël est donc de savoir : « Y aura-t-il des trains ? » ou « Les paysans ne vont-ils pas barrer les routes ? ». Ces questions sont lancinantes et rendent amère cette route vers tendresse et douceur.
En décembre, on rêve de trains, et pas seulement Jordan qui rêve de trains électriques. J’allais en train à Illfurth chez ma tante Hélène avec Mamema à une époque où les trains étaient encore à l’heure, mais où il fallait envelopper ses gilets blancs dans des linges pour leur éviter d’être couverts de suie.
C’était le temps des certitudes. Les trains partaient à l’heure et vous déposaient dans les gares prévues par le Chaix. Pas comme maintenant où, si tu veux aller à Paris, tu peux être contraint de passer la nuit à Varangéville dans le froid et avec des gens qui te côtoient dans une indifférence glaçante. Il y a en a même qui ont des regards qui vous congèlent. Que dis-je, qui vous transforment en être surgelé.

L’envers du décor
Selon les gazettes, des nouveautés, ou plutôt des programmes revisités, vont à nouveau réjouir les usagers du rail : le retour des wagons-lits et surtout le retour des wagons-restaurants. Le bon vieux temps de l’Orient Express n’est plus loin. Alors, au lieu de mâchonner un des fameux sandwichs SNCF dont le pain se tire comme un banal malabar, vous pourrez à nouveau déguster huîtres et bœuf Wellington devant des tables au double nappage et à la vaisselle estampillée par les ateliers de Limoges et des couverts d’argent. Qu’importe si, pour manger un tel menu, il faille s’embarquer pour Istanbul. C’est une chose qui peut nous réjouir. Si le train n’est pas en grève. Si les morceaux de bœuf ne sont pas pris en otage par des véganes en lutte. Plus rien n’est acquis. Le Chaix est aussi peu fiable que l’horoscope du journal, là où toutes les vierges devraient avoir la migraine le même jour et où tous les taureaux devraient aller voir leur urologue.
J’aime les voyages en train. Tu vois le cul des villages, les coulisses des habitations, les hangars improbables, les façades arrière des immeubles souvent avec vue dans une chambre. Tu découvres l’envers du monde. Tu fais des rencontres inouïes. J’ai rencontré Joachim Löw, l’entraîneur de la Mannschaft. J’ai parlé avec André Wilms. Monsieur Burda m’a invitée au wagon-restaurant. J’ai aussi été psy de service dans des longs trajets où les gens se confient sur les choses les plus intimes car ils ont besoin de se raconter. Et celui qui est en face d’eux est le confident idéal, puisqu’ils ne le reverront plus. Ça enlève la honte et la pudeur.
Bon voyage ! Et n’oubliez pas : il se peut que le train annoncé avec du retard arrive à l’heure.

 

 

 

Huguette Dreikaus 
  non ....ce n'est pas moi.... mais toutes les deux... alsaciennes  ....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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25 novembre 2024 1 25 /11 /novembre /2024 11:45

 

 

Le 22 novembre, c’est la date de la libération de Strasbourg. C’est la libération de l’Alsace et le retour à la France, mais c’est aussi la sainte Cécile, la patronne de tous les musiciens d’Alsace. Et Dieu sait s’il y en a ! Il n’y a pas de village sans fanfare ou accordéon club, mandolinata, orchestre ou chorale. Que dis-je ? Une chorale par village ? Que nenni ! Il y a la chorale protestante, la chorale catholique, la chorale des joyeux vignerons, celle des pompiers volontaires, même celle des veuves – comme si être veuve développait des qualités vocales particulières.
Et les orchestres ! Ne négligeons pas les orchestres, ceux qui nous accompagnaient ou nous accompagnent encore lors des bals et des thés dansants, pour amorcer des étreintes buissonnières. Combien de quidams émoustillés par Monia , par Le Sud de Nino Ferrer, Unchained Melody pour se rêver dans les bras de Patrick Swayze, sans oublier Procol Harum, A Whiter Shade of Pale … C’est que chez nous, Monsieur, la musique qui nous fait vibrer est multiculturelle. Comme nous. Il y a en nous l’accordéon de Verchuren et de Louis Ledrich, la contrebasse et les guitares sèches des orchestres manouches de la région entre la famille Sherman d’Ingwiller, l’orchestre « Pepito » des frères Weiss de Mertzwiller et celui des Gargowitsch de Barr, sans oublier les formations tchèques des musiciens d’Egerland et d’Oberkrain.
Bashung, Burger et les Jets
Vous me direz : « Ça ne fait pas très rock tout ça ! » Verdeggel ! Jetzt langt’s ! Sachez que le rock a pénétré en France par la frontière nord de l’alsace, celle qui côtoyait les garnisons des Besatzungstruppen américaines postées en Allemagne après la guerre. Les radios US diffusaient si fort que le rock a pénétré dans les oreilles des boutonneux de chez nous à l’époque, pour ressortir par leurs doigts et leurs jambes non encore envahies par l’arthrose. Et en avant les groupes de rock bien vernaculaires, qui n’avaient rien à envier aux Parisiens : les Rhythm Checkers et les Jets surtout. Verdeggel ! Ne pas oublier que le rock français a souvent avancé dans ses sonorités grâce à des Alsaciens comme Bashung, Higelin, Rodolphe Burger et Kat Onoma…
Une pensée aussi pour ceux qui se dévouent dans les écoles de musique pour former des disciples d’Euterpe. Une pensée pour Sœur Alice, du pensionnat Sainte-Philomène à Haguenau, ma dévouée mais persécutée prof de piano. Non je ne suis pas Martha Argerich, mais par la volonté de maman, grâce à la patience infinie de Sœur Alice et le sacrifice total de ses oreilles, j’ai fait trois ans de piano. Pour arriver péniblement à exécuter la Lettre à Élise, avec tant de cruauté que tous les gens présents à la fête de fin d’année du pensionnat Sainte Philomène ont décidé de ne jamais prénommer une fille Élise, pour toutes les générations à venir.

 

 

Huguette Dreikaus 
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20 novembre 2024 3 20 /11 /novembre /2024 13:28

 
 
 
 
 
 
 
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18 novembre 2024 1 18 /11 /novembre /2024 16:44

 

 

 

 

Le « Grand Guignol » était une salle de salle de spectacle parisienne où se jouaient des pièces sanguinolentes, « gores » comme on dirait de nos jours. Elle jouissait de l’art consommé de faire peur aux gens par des procédés et des artifices fantasmagoriques. Le peuple a besoin de se faire peur. Nous sommes en plein dans l’univers du Grand Guignol : créer du monstrueux !
Comme si la réalité ne suffisait pas. Dans le castelet de l’actualité nous avons, issus du théâtre de Guignol, à l’Ouest le baron Malaki, un riche patron de trust qui veut dominer le monde par tous les moyens, à l’Est le Directeur, décidé à tout régenter, y compris le format des œufs. Les deux ont des positions confortables, obtenues grâce aux voix de ceux qui n’ont peur de rien… ou qui veulent se faire peur ?
« Fais-moi peur, Johnny, moi j’aime les choses qui font boum. » Et je te transforme la maison en château hanté, je suspends des squelettes aux tringles, je mets des oreilles de diable au chat et au petit Aaron dans sa poussette. L’industrie de la peur est industrieuse à fabriquer aussi des grands huit de plus en plus anxiogènes ou des couloirs dédiés au règne de Thanatos, où il fait bon avoir des émotions suprêmes tout en léchant une barbe à papa ou en croquant du pop-corn. Besoin de frissons et de sensations fortes mais loin des bruits de la guerre « pour de vrai » ou des colères d’une eau en rage qui dévore tout sur son passage. Jonas aimerait-il retourner dans le ventre de la baleine ?
Et puis il y a les récits, le replay à l’infini des émotions et des sensations dans des vidéos et des textes postés sur les réseaux sociaux ad aeternam … Revivre sa césarienne, des exécutions et Scream. Pour se dire « Je suis encore là ! J’ai échappé à tout ça. » Se voir comme un survivant. Quelle force ! C’était la base de la toute-puissance de mon père : « Les Russes ne m’ont pas eu. La mort ne m’a pas eu. » Que voulez-vous faire en face d’un demi-dieu autoproclamé ? Se réfugier dans un autre monde… Écouter sa propre respiration, se regarder respirer allongée et voir cette poitrine qui monte et qui descend, comme l’océan sous la tempête. Quelle puissance ça vous donne ! Là, quand une voix tonitruante me dit : « Arrête de manger du chou rouge, tu l’as trop sucré, en plus tu y mets des marrons », cette voix ne me fait pas peur. Je dis : « Je suis l’océan et je fais ce que je veux. »

 

 

Huguette Dreikaus 
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11 novembre 2024 1 11 /11 /novembre /2024 11:57

 

 

 

 

 

 

Nous sommes dans le temps des brouillards qui nimbent notre décor. Les oiseaux migrateurs s’en vont et les bactéries et virus arrivent, squattent rues et maisons à la recherche de victimes chez qui sévir. Ils semblent être des sbires à la solde d’un Poutine microscopique et nous mettent très vite à terre.
Si en été nous étions harcelés par les moustiques et autres guêpes, notre combat était aisé : ce sont des ennemis visibles. Un coup de taser et fini. Là, nous sommes dans un autre domaine : l’attaque interne, sournoise et violente. Notre carcasse devient comme le Vésuve… Elle a des explosions douloureuses et glaireuses au niveau du nez, de la bouche et des ouvertures dans le corps que, bizarrement, Dieu a choisi pour exprimer l’amour.
Les armoires à pharmacie se remplissent de ces médocs classiques que tout un chacun a toujours chez lui. Doliprane, sirop contre la toux, Spasfon, Vogalène et Immodium. La situation semble maîtrisable ? Pas sûr. Le mieux, c’est de faire des investigations. Quand j’étais petite, le docteur venait avec un stéthoscope, maman devait fournir une cuillère à café pour aplatir la langue et, parfois, on me badigeonnait avec du bleu de méthylène. J’aimais bien qu’on s’occupe de moi. J’aimais mesurer l’émotion de maman, marquée par la méningite de ma sœur.
Quand j’étais malade, que la température montait jusqu’à plus de 38 °C avec le mercure du thermomètre, je rentrais dans le protocole de soins immuable fixé par maman. Au lit, avec une couverture chauffante, la veilleuse pour la nuit, des tisanes de menthe régulièrement, la distribution des médicaments, même de nuit. Maman venait à pas doux, engoncée dans sa robe de chambre en satin bleu, me touchait le front et me bordait. Il y avait de purs moments de plaisir. Les repas faits de Vache qui rit, ou le si bon sirop contre la toux de la pharmacie Boeglin n’étaient pas des moindres moments d’extase.
Mamema profitait de ces épisodes médicaux pour ses cours de philosophie : «  D’hauptsache ish gsund ze sin  ». Elle n’était plus la cible de virus. Babeba disait : « Ils préfèrent les jeunes ». Mes grands-parents avaient échappé à l’ère de la tuberculose. On en parlait à l’école. Sur un tableau Rossignol, on voyait même un homme assis dans la cuisine où jouaient ses enfants et qui crachait ses miasmes.
Mamema disait «  Fréjer isch’schlimmer gewann  » (autrefois c’était pire). Elle avait un autre protocole pour la bronchite et l’otite : la gansfett. Elle nous faisait des cataplasmes de graisse d’oie chauffée étalée sur de la ouate. Et des bouchons d’ouate dans les oreilles. Au premier Noël où il y avait du foie gras sur la table, elle a demandé : « La graisse d’oie qu’on mange, ça guérit les gastros ? ».
Mais je retiendrai toujours sa phrase : «  vor allem gsund  » (avant tout la santé).

 

 

 

 

Huguette Dreikaus 
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4 novembre 2024 1 04 /11 /novembre /2024 16:56

 

 

 

 

Novembre nous nimbe dans des nappes de brouillard qui nous empêchent de voir mais qui nous ouvrent les yeux sur d’autres choses, plus intérieures, plus proches de l’esprit. De l’esprit, pas des esprits, ceux qui hantent les soirées d’Halloween en draps blancs et en combinaisons squelettes.
Il y a des moments où l’âme a besoin de se souvenir. Le corps alors feuillette des albums, fouille des armoires, écrit des mots dans un cahier. Retrouver son passé est si fort que nous déambulons aussi dans ces grands déballages d’objets anciens pour y voir encore une fois le moulin à café de mémé, les lunettes rondes à branches élastiques de Babeba, les cruches à vin en barbotine verte et autres cendriers Carola.
Des locataires inertes
Et puis il y a ce jour où l’âme a besoin de retrouver les âmes de ceux qui ne sont plus que dans les cœurs. Il y a des lieux exprès pour cela. Des lieux même imposés par des décrets : les cimetières. Venu du grec ancien Koimêtêrion , le lieu du repos, mot repris littéralement dans la langue de Goethe, Ruhestätte.
Au moment du départ, on leur a souhaité le repos éternel. Requiescat in pace. Hélas, si la paix n’est pas ici-bas, elle ne l’est pas plus dans l’au-delà. Les défunts sur le Koimêtêrion sont des locataires (inertes, mais quand même) qui ont la jouissance d’un bout de terre dont la commune est propriétaire. Et il y a des loyers à régler, sous peine d’expulsion. Le repos éternel est ainsi soumis au bon vouloir des descendants et aux oukases immobiliers des mairies.
Rappelez-vous l’an 2000, quand Le Lavandou a exigé de ses malades de mourir ailleurs, faute de place sur le cimetière. Dura lex sed lex  ! Trente ans et ouste, dans un ossuaire commun sans inscription ! Fini !
Si on ne veut pas tomber dans l’oubli, il faut un profil Facebook. J’y vais de temps en temps, faire une petite visite à des amis disparus depuis belle lurette. Je peux même revivre des moments communs, immortalisés dans leur capital « photos et vidéos ». Là, on est inscrit pour l’éternité. Les workplaces de l’empire Zuckerberg sont indestructibles.
Sinon, il y a cette tombe immuable que l’on visite avec une ferveur partagée entre des millions et des millions d’individus : le Taj Mahal, élevé par un mari en hommage à son épouse défunte. Elle lui avait donné 14 enfants. Mon arrière-grand-mère Eve avait 24 enfants. Elle a donc aussi son Taj Mahal : dans mon cœur.

 

 

 

Huguette Dreikaus 


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29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 11:49

 

 

 

Inutile d’accrocher sa voiture au clocher d’une église et attendre une puissance électrique d’un voltage extrême pour être dans le passé. Le passé devient actuel.
Il y a à Pau un couple qui pédale sur un vélo d’appartement pour faire fonctionner son lave-linge. Il y a dans le Nord un agriculteur qui se chauffe avec les calories de la litière usée de ses vaches. «  Mit Mischt  ». Les exemples ne manquent pas et ce n’est pas la troupe énorme des tout récents boulangers amateurs créateurs de leur propre pain qui me jetteront la première pierre. Tout se recommence au début. Même la vie humaine, qui commence avec des bouches édentées et des couches sur les fesses et se termine de la même façon.
Un goût de reviens-y
C’est comme s’il flottait dans l’air un goût de « revenez-y, ce n’était pas si mal ». C’est un peu ce qui se passe en radio. France Culture a diffusé une émission nostalgique sur les séances de dédicaces, encore en vogue sur les radios privées mais bannies de la radio publique au nom de la ringardise. L’émotion serait ringarde ? J’ai pratiqué les dédicaces sur France Bleu en ondes moyennes. Inouï ! Les gens font le programme musical avec des titres choisis par eux pour des personnes chères à leur cœur. « Lisa souhaite un bon anniversaire à son amie Lucie et lui dit : “Lucie prépare le sylvaner, on arrive” ».
À la fin de l’émission, on avait conscience d’être à l’origine d’innombrables petites fêtes, avec sylvaner et paquets de gaufrettes Gringoire avec inscriptions. Et ce serait sans compter, avant l’arrivée des SMS, les messages subliminaux échangés anonymement par des amants discrets ou maudits sur les ondes de France Bleu Alsace FM, sous la houlette de Daniel Chambet-Ithier. On se serait cru sur radio Londres pendant la guerre. « Le Lézard attend la Souris rose ce soir. » « Petite perle voudrait retrouver son Huître dorée pour se lover au creux de sa coquille ». Que d’amitiés se sont nouées dans ce cadre-là ! Mon fils était fan. Il a rencontré « pour de vrai » Kellogs de Bischheim, Speedy et d’autres, comme « Petite coup sûr », tout droit sortie des branches de Sassafras.
Reculer pour aller de l’avant ! Le retour des dédicaces est prévu. Il doit même y avoir du «  better  » dans les émissions. On pourra aussi dédicacer un poème écrit de sa main ou, avec l’arrivée de la vidéo, une série d’images avec musique idoine. Je serai alors à nouveau à l’écoute pour voir si on pense à moi. Sur le plan de l’émotion, on n’est pas loin de la Paloma, cet hymne qui dit « Il y aura toujours un signe ». Mamema chantonne : «  Falle ich einst zum raube empörten Meer, Fliegt eine weisse taube zu dir hier her. Lasse sie ohne säumen zum Fenster ein, Mir ihr wird meine Seele dan bei dir sein. » (Si un jour je tombais dans une mer démontée, Une colombe blanche volera vers toi. Laisse-la entrer par la fenêtre sans te poser de question, C’est mon âme qui revient près de toi.)
Les dédicaces, c’est la radio des signes.

 

 

 

Huguette Dreikaus 


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21 octobre 2024 1 21 /10 /octobre /2024 10:18

 

 

 

 

 

 

 

Les albums photos pullulent, réels ou virtuels. Tu peux fixer tous les instants de ta vie et, pour ne pas les perdre, tu peux en faire des livres qui immortalisent chaque minute, si tu en as le désir. Moi, je croyais que dans l’éternité on aurait la projection de tous les films de toutes les vies. Maintenant je doute, car les vies de mes plus proches, et même d’amis Facebook que je n’ai jamais côtoyés, j’en ai vu toutes les images, dans tous les décors, dans toutes les postures. Rien ne se perd. On a même les photos de ces choses en nous qui peuvent faire l’objet d’ablations, comme les calculs biliaires ou les dents de lait. Et je passe des clichés plus affreux. Avec tous ces « clics » intempestifs sur les caméras de nos smartphones, nous avons atteint le rêve de connaître l’éternité ; mais une éternité en deux dimensions et inerte.
J’écris cela et je viens de photographier mon café et ma tartine du matin. Mais je me dis que j’ai ainsi créé une image unique dans l’histoire du monde, car demain ce sera une autre capsule qui aura fait mon café, mon lait viendra d’une autre vache, le pain sera fait avec un autre blé, pétri par un autre boulanger, venu d’un autre paysan, d’une autre terre, labourée par un autre tracteur. Tous les instants sont uniques et il faut les retenir tous. Ils sont uniques, donc historiques.
Chaque photo est un grand moment de l’histoire. Vous pouvez prendre une photo de vous assis sur votre nouveau fauteuil de cuisine, celui qui soulage votre dos et met votre coccyx à l’aise. Et cela se passe au moment même où Michel Blanc nous a quittés. Cette photo pourra alors être classée avec la légende : « les synchronisations de l’histoire » Il y a des clichés pris au débotté par des quidams qui immortalisent un événement capital. En 2000, quand un type, depuis le véhicule où il se trouve, filme le Concorde qui décolle en flammes avant d’aller s’écraser un peu plus loin, l’image est tremblante, mais elle fait désormais partie des archives nationales. Quand Abraham Zapruder filme l’assassinat de Kennedy à Dallas, le document amateur devient historique.
Je fais des photos pour les bibliothèques du futur. Les têtes blondes pourront travailler sur des photos qui sont des documents réels et se passer des images peintes sur les tableaux Rossignol. Je m’en vais de ce pas faire une photo engagée, de celles qui nous démontrent comment sauver la planète. Je vais photographier un homme vu de dos, qui pisse. Je la publierai avec la légende. « Tout le monde boit de l’eau. Mais si personne ne la pissait pour la rendre à la terre, personne ne pourrait boire demain. »
Mamema dit : « Fais-moi aussi un album avec des beaux gâteaux. C’est bon pour mon moral de diabétique ».

 

 

 

Huguette Dreikaus 


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15 octobre 2024 2 15 /10 /octobre /2024 12:14

 

 

 

 

 

 

 

L’amitié, c’est une main qui te soutient, dans la douleur et le désarroi. C’est une oreille qui écoute,  tantôt la peine, tantôt la joie.  L’amitié, c’est un regard qui voit jusqu’au plus profond de ton âme  sans jamais se faire juge.  C’est un cœur qui s’ouvre et jamais ne se ferme, comme un refuge.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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8 octobre 2024 2 08 /10 /octobre /2024 15:14

 

 

 

 

Vendredi, c’était la journée mondiale des animaux. Et tout le monde est concerné : les apiculteurs, les éleveurs, les amateurs de homard et de truite meunière, les malades atteints de la maladie de Lyme, les dresseurs de fauves, les jockeys, les toqués de chats et de chiens, les défenseurs des hamsters, des koalas et des koupreys. C’était le jour dédié aux animaux, ceux dont le nom nous sert à exprimer un amour hors normes « e veehmassigi lieb » : mon lapin, mon petit canard, mon nounours, ma taupe, mon poussin, ma puce et j’en passe ! Voilà le côté yin. Pour le côté yang et l’expression de notre haine il y a aussi les « drecksau », sale vache ou le très alsacien « Sau-hund ».
Il y eut un soir, il y eut un matin, il y eut des animaux. Dans la genèse il y eut surtout le serpent. Celui qui est à l’origine de tous nos maux y compris l’arthrose et les ampoules aux pieds. Il faut attendre la chevauchée du pharaon à la poursuite du peuple élu pour faire connaissance avec le canasson. L’âne est évoqué dans l’entrée de Jésus à Jérusalem et le poisson dans le miracle de la multiplication des denrées. Il n’y a qu’un seul écrit sur des faits contemporains mais c’est une BD : Astérix, où apparaît le chien comme compagnon fidèle de l’homme. Et voilà les vannes ouvertes pour les histoires de Lassie, de Rex, de Rintintin et du Vagabond. La tendresse s’installe peu à peu dans cet univers que les scientifiques peuplaient de dinosaures et autres mammouths, des animaux frappés de ce gigantisme qui est le signe avant-coureur d’une disparition rapide de l’espèce. Même l’histoire politique est marquée par cette loi et ce n’est pas Napoléon qui vous dira le contraire.
Peu à peu l’animal entre dans les salons des privés. Le chien, le chat, le perroquet, le canari, le cochon d’inde, le lapin nain, le poisson rouge. Il y a des maisons qui ressemblent à l’arche de Noé tellement elles sont remplies d’animaux de toutes sortes, mis à l’abri des choses de la vie, à l’abri des prédateurs, de la maladie, voire de l’exclusion phobique. Il y a en effet des fermes qui regroupent des moutons gays ! « Leur laine donne des lacets de ouf », disent les jeunes.
En cas de métempsychose vous choisiriez d’être quel animal ?Mamema dit : « Je ne voudrais pas revenir en vache ou en chèvre. Je déteste qu’on me touche les seins. »

 

 

 

 

Huguette Dreikaus 


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Vendredi 04 10 2024

 

 

 

 

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