La pression, ça a du bon. Il n’est pas que les amateurs de bière, les fabricants de pneus ou les adeptes du nettoyage mécanique pour souscrire à l’idée. Mais la pression, parfois, c’est aussi nettement moins bon. Les candidats actuels au bac, les cuves de Fukushima ou ceux qui auraient serré la paluche de David Douillet en savent quelque chose. La pression n’est donc pas anodine, sait faire impression, dans le foncier par exemple. On connaissait bien, dans certains quartiers de certaines villes d’Alsace, le petit billet de l’agent immobilier gentiment pressant, glissé dans les boîtes aux lettres : si vous-même ou quelqu’un de votre connaissance vendez un bien dans le secteur, on saura vous trouver fissa un acheteur généreux. À toi mon toit ? De bonne guerre. Sans doute est-ce là le prix à payer sur un marché que l’on dit pudiquement tendu. Mais lorsque l’affaire vire à la requête appuyée, voire au siège en règle, certains propriétaires sont d’avis qu’on en veut à leurs murs. Hasard ou signe des temps, les habitants d’un pavillon près de Strasbourg ont reçu des messages en rafale leur demandant s’ils n’étaient pas vendeurs. Flatteur en un certain sens. Déstabilisant aussi. Comme un sentiment d’occuper au restaurant une table convoitée par d’autres. Ici un jeune couple, là des acquéreurs solvables, les uns en promenade, les autres prospectant d’eux-mêmes, promettent proposition raisonnable, décision rapide, voire paiement garanti par conseiller bancaire. Pour un peu, on aurait envie de vendre, même sans y avoir jamais pensé. Plus tristement, ces bouteilles à la mer témoignent sans doute d’un monde tourneboulé : dur, dur, d’aller soi-même à la chasse pour se trouver une grotte, de conduire une guérilla sur le terrain pour se poser. Gare aux effets collatéraux. On pensait à une politesse. Mais il va falloir y réfléchir à deux fois avant de glisser à un hôte cette innocente invitation : ma maison est la vôtre. Un rendez-vous chez le notaire peut rapidement s’ensuivre. Didier Rose Je pense donc je lis les DNA Dernières Nouvelles d'Alsace |