Ça y est, le printemps est là. Comment, trop tôt ? Pas du tout, la botanique textile a ses lois. Les fleurettes sont de retour. Partout.
Pas encore dans les jardins, d'accord. Laissons d'abord fondre les deux mètres de neige qui vont peut-être tomber cette nuit, en un bloc si possible, puisque cet hiver ne sait visiblement plus comment nous surprendre.
A dire vrai, c'est dans les vitrines que s'étale l'invasion du végétal. A peine passé le bulldozer des soldes, chargés de déblayer le terrain, voilà un déferlement de p'tites pétales colorés, d'imprimés fleuris, bref des pâquerettes et des lilas comme sur les photos des calendriers.
Attention les yeux, après le noir et blanc des mois passés, ça dépote dans le registre champêtre. A vendre, dans toutes les tailles, éclosion massive de motifs jardiniers, germination spontanée d'inflorescences chamarrées.
Le bouquet après l'hiver
N'en jetez plus : les regards en coin en disent assez. Trop cruel, après des semaines en hibernation que de voir si vite bourgeonner en rayon, par-dessous les cache-nez des mauvais temps, les jupes et les chemisiers des beaux jours - enfin s'ils se décident à revenir.
Plutôt que de crier au miracle de la nature (commerciale), il faut saluer l'art des faiseurs de mode.
On ne sait à quels baromètres ils se fient, mais la NASA devrait s'en inspirer. Prévoir qu'après ces frimas à rallonge et ce festival d'intempéries, une telle floraison s'imposait pour les porte-monnaie, chapeau.
Finement joué. Rien n'eût été plus dur à digérer qu'un printemps habillé à la va comme je t'assombris. Là, pas de danger de louper le coche, de continuer à se saper, à tous égards, le moral.
Question nippes, on se croirait téléporté en zone tropicale, perdu dans une serre speedée par les halogènes.
C'est clair : la fleurette fait le printemps des boutiques. On ne s'en plaindra pas, après un hiver un peu trop salé.
Surtout s'il fallait y percevoir le signe même pas caché que l'avenir aussi, s'annonce un tantinet plus fleuri.
Didier Rose
Je pense donc je lis les DNA