24 janvier 2012
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J’ai 80 ans, le mollet rond, la taille itou et le derme aussi tendu que le moral des ménages. Pourtant, en ces temps d’incertitude, je reste valeur sûre : ni le climat flageolant, ni l’euro chancelant ne trompent mon humeur. Je suis… Non, pas le père Noël, personnage effectivement apparu en 1931 dans une pub de Coca-Cola – mais dont, contrairement à la légende, la naissance et les apparitions sont antérieures, attestées par des illustrés du XIX e siècle. Je suis en fait Babar. Certes, tombé dans le domaine public, comme certains de mes rivaux dans l’oubli. Pour autant, vivant comme jamais. Un pied de nez aux marionnettes pixelisées, un poids sur l’estomac des héros vidéos. Défense de se moquer : l’éléphant même vieillissant a bonne mémoire, et encore meilleure presse. Psys, enseignants et même illustrateurs s’ébaudissent, en 27 langues mais pas en alsacien, du succès d’un anthropomorphisme basé sur des vraies valeurs de la vraie vie traditionnelle. Et ce n’est pas plus mal. Au moment où les télés en viennent à filmer les trains qui arrivent non plus en retard mais à l’heure ; en des temps où la fin de la planète se décide en salles des marchés ; dans une époque où l’on fait ses courses à la kalachnikov, on ne peut en vouloir à un éléphant (même pas rose, n’en déplaise à certains) d’évoquer un monde désincarné, faisant voyager les mômes et leurs parents tête contre tête. De mauvais esprits ont vu dans l’octogénaire en habit vert assez ridicule un personnage pas si net, époux de sa propre cousine, entretenu par une vieille dame, monarque autocrate. Comme s’il fallait s’offusquer d’un conte dont, par ailleurs, les produits dérivés font les bons comptes. Babar n’a rien à voir avec le père Noël, c’est entendu. Et c’est un peu dommage : l’esprit régressif des fêtes y aurait encore gagné. Didier Rose Je pense donc je lis les DNA Dernières Nouvelles d'Alsace | |
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Published by Simone
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Didier Rose