8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 18:11

 

 

 

 

Comme nous sommes dimanche et qu’il faut bien se détendre un peu, j’emprunte à Jean-Loup Chifflet, sa savoureuse version journalistique du célèbre poème " La cigale et la fourmi ".
http://www.clavieretstyle.com/

La cigale et la fourmi
 
De source généralement bien informée, nous apprenons qu’un insecte de type cigale aurait, sous réserves, été fortement fragilisé par les rigueurs conjuguées de la baisse du mercure et de la chute du thermomètre qui ont, comme chacun sait, franchi ces derniers jours la ligne jaune de l’inacceptable.
 
Il semblerait que ledit homoptère, que l’on pourrait taxer d’une certaine insouciance, voire d’une insouciance certaine, n’aurait pas su gérer, au dam de ses congénères qui vivent également en milieu arboré, le stockage d’un précieux viatique qui lui aurait permis de faire face à l’offensive inopinée du général Hiver.
 
Fragilisée, je cite, par une légèreté atavique qui serait, selon certains, son talon d’Achille, et par une propension à chanter pendant la trêve estivale, c’était donc, pour la cigale, la rentrée de tous les dangers.
 
Clouée au pilori et peu encline à passer sous les fourches caudines de certaines Cassandre qui la voyait déjà sacrifiée sur l’autel de son incroyable insouciance, elle se risqua à solliciter dame Fourmi, sa voisine, dont la réputation de sérieux n’est plus à faire. On se souvient en effet à quel point ce noyau dur de la courageuse famille des hyménoptères a toujours su se tailler la part du lion après avoir mangé tant de vaches maigres. Donc un parcours sans fautes malgré les zones de fluctuations et autres turbulences.
 
C’est ainsi qu’on ne s’étonnera pas d’apprendre que la fourmi, non contente de sortir immédiatement le carton rouge et de renvoyer la cigale dans ses buts, s’empressa de fustiger les thuriféraires d’une politique économique cigalienne rétrograde et dépassée.
 
Devant cette partie de bras de fer et ce tir de barrage, la cigale, refusant de baisser la garde, proposa en désespoir de cause de revoir ses prétentions à la baisse pour donner encore un peu de grain à moudre à un débat qui risquait de tourner court. Elle prétendit même être victime d’un lynchage médiatico-judiciaire. Réponse sans appel de la représentante hyménoptérienne bien décidée à porter l’estocade : " Vous qui avez si bien pratiqué l’art du bel canto, pourquoi ne pas tenter un nouveau challenge en vous essayant à la chorégraphie sous les ors lambrissés du palais Garnier ? "
 
Rendons à César… : Chifflet J.-L., Les mots qui me font rire et autres cocasseries de la langue française. Col. Le goût des mots, Ed. Points, 2007.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
<br /> une "adaptation "de la fable!<br /> <br /> <br /> mais ce que nous vivons n'est pas une fable...<br /> <br /> <br /> quoique !<br /> <br /> <br /> bisous et bonne soirée.<br />
Répondre
C
<br /> T'imagine apprendre cette version par coeur ...<br /> <br /> <br /> Pas mal, pas mal ...<br />
Répondre

Texte Libre

 

Articles RÉCents

Liens