16 avril 2011
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Internet n’a pas (encore) liquidé la Poste. Et c’est tant mieux. D’abord parce que, n’étant pas gratuits, les envois postaux ont ce mérite de nous dispenser de l’incroyable ramassis de glauqueries qui tournent, à fond les ballons, dans le monde numérique. Ensuite, parce qu’une lettre, une vraie, permet de réagir, en vrai. Une facture peut être rageusement broyée avant de partir valdinguer par la fenêtre. Un mot d’amour tenu, senti, caché, affiché, renvoyé. Tous affranchis ? Faites l’expérience sur écran : les émotions ne sont plus que presse-bouton. Comme si seuls les claviers devaient faire foi. En même temps que les temps s’affranchissent des règles épistolaires, on semble s’oblitérer de tout investissement. Paradoxal et triste. Internet ne nuit pas seulement à la poésie de l’écrit. La Toile nous privera peut-être des joyeusetés de l’échange postal. Prenez ce courrier envoyé depuis Lörrach, vers Strasbourg. Par la route, 150 km et 1 h 28, selon des calculateurs… sur internet. Surprise : cette missive a été estampillée… « Luftpost, par avion prioritaire ». De quoi, un service postal aérien pour traverser le Rhin ? Plus prosaïquement, l’indication Luftpost est devenue côté Allemagne synonyme de courrier prioritaire. L’image est belle, comme l’histoire de cet autre courrier, émis par un grand acteur académique strasbourgeois. Une décision prise en mai dernier a ainsi été tapée fin juin. Puis affranchie, le cachet en témoigne, en octobre. De la même année, quand même. Effet collatéral des sous-effectifs, ravage des vacances à rallonge ou mystère des administrations labyrinthiques, il a fallu quatre mois pour trouver et coller un timbre, puis porter le complexe ensemble des deux à un bureau en charge de l’acheminement de ce genre d’objets. Commentaire final du destinataire, un grand philosophe : « Ce n’était pas urgent ». Heureusement. Didier Rose Je pense donc je lis les DNA Dernières Nouvelles d'Alsace | |
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Published by Simone
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Didier Rose