L'heure d'été ? Les margoulins ne lui disent pas merci. Parole de képi à galons, les monte-en-l'air de tout acabit n'aimeraient rien tant que la fin d'après-midi brumeuse, l'assombrissement vespéral un peu rapide, les ténèbres au moment des vêpres. Tout ça, battu en brèche par cette fichue heure d'été qui fait des journées sans fin, des soirées plus claires que claires sous nos lattitudes - au Pôle Nord, où le phénomène est connu de longue date et parfaitement régulier, on s'en fiche un peu plus : le phénomène des cambriolages d'igloo y est inexistant (qui sérieusement aurait déjà entendu parler de ce type de délinquance polaire ?). Mais revenons à nos moutons noirs. D'après l'expérience gendarmesque, il a été mis en lumière que le bonheur du cambrioleur, c'est la petite fin d'après-midi bien sombrette. A ce moment de la journée, une absence de clarté dans les logis serait la meilleure amie du casseur à l'affût. Par raisonnement inverse : là où il y a de l'halogène, il n'y a pas de plaisir de voleur. Voleurs en lumière Rares étant les occupants déjà endormis à cet instant, avant même le dîner, tout comme de nos jours les pannes d'électricité localisées à une seule adresse, l'obscurité d'une demeure serait perçue par certains auteurs de fric-frac comme une vraie invitation à se servir - tout du moins une incitation à briser la glace. Mais voilà, le métier de malfaiteur aussi a ses revers, on n'ose parler d'aléas saisonniers. Avec le passage à l'heure d'été, plus moyen de se fier à l'indice d'occupation éclairée d'un foyer. Aucun résident n'ayant l'élégance de signaler son absence aux beaux jours, la tâche se complique sérieusement pour les malfrats en maraude. De là à en conclure que, dans le but de faire baisser la délinquance en général et les atteintes aux biens en particulier, rien ne vaudrait des journées payées strictement limitées aux matinées. On peut toujours rêver. Et pourquoi pas interdire au soleil de se coucher, tant qu'on y est ? Un genre de vol de nuit, en fin de compte. Didier Rose Je pense donc je lis les DNA |