Il est frais le fond de l'air.
Et au fond, cet air déjà connu effraie. On ne parle pas ici de l'atmosphère de crise. Mais d'une autre dépression, tout aussi glaçante certes, plus barométrique.
Eh quoi ? Une Saint Valentin sous les flocons, voilà qui n'a certes pas laissé de glace, dans les chaumières, ni peut-être dans les coeurs.
Froid dehors, chaud dedans ? Voire.
D'accord, la froidure est de saison.
A force pourtant de nous prédire l'effet de serre pour demain, on s'étonne de devoir si souvent sortir, le petit matin survenu, le grattoir à pare-brise. Et la corvée de blanc, cette année, semble s'être invitée plus encore qu'à l'accoutumée.
Chaud effroi.
Pas de panique.
Froid, cet hiver il a fait. Froid, d'autres années, il a fait plus encore. La chronique météorologique prouve bien qu'en la matière, les valeurs de gel n'ont pas attendu les années, ni le tournant du millénaire.
Tenez, en Alsace, le mois de février 1956 a connu une température moyenne de -8° !
De quoi voir la neige au loin poudroyer, et les engelures au près rougeoyer. Quoique. En matière de saupoudrage, il fut de bien plus notables années, et simultanément de plus noires aussi : en janvier 1941, 42 cm de neige.
Ce qui vous pose un hiver mordant à tous égards, y compris au plan de l'histoire.
Le même mois, un an plus tôt, avait réussi à cumuler 31 jours sans dégel.
Exactement comme décembre 1933. On savait, en ces temps-là, ce que pelleter voulait dire : en janvier 1929, année également inscrite dans certaines tablettes peu reluisantes, il a neigé pendant 19 jours. Le mois d'après fut battu un record de froid : -22°.
Mais c'est durant l'hiver 39/40 que le sol s'est dérobé le plus longtemps aux regards, comme aux âmes : 66 jours de blanc en trois mois, à Strasbourg.
Sacré bail, qui avait bien de quoi marquer les esprits.
Comme restera inscrit dans les annales l'hiver 1890/91 : pas loin de 50 journées sans qu'advienne le dégel.
Au moment d'enfiler ses moufles et de recommander du fioul, de quoi se rafraîchir utilement la mémoire.
Didier Rose
Je pense donc je lis les DNA