C'est bien simple : pour ce généraliste alsacien, le motif des demandes de visite à domicile est devenu invariable. Fièvre, frissons, maux de tête, toux, irritations du nez ou de la gorge. Bien avant d'avoir vu ses patients, le toubib devine la suite. Signé : la grippe.
La région est entrée dans sa troisième semaine d'épidémie, et se trouve désormais en plein coeur d'un épisode qui devrait encore durer autant.
« On s'en souvient quand on l'a eue »
Signe particulier, cet hiver : le virus s'est introduit dans le pays non pas par l'ouest, comme habituellement. Mais par l'est, ce qui vaut à l'Alsace d'avoir été aux avant-postes de la propagation virale.
L'impact local est d'autant plus fort que le virus est vif, c'est-à-dire contagieux : « L'épidémie est plus importante que ces dernières années, plutôt modérément marquées il est vrai », évalue le Dr Marcel Ruetsch, président en Alsace des Groupes régionaux d'observation de la grippe (GROG).
L'intensité des symptômes ne plaiderait pas pour une gravité particulière de cette grippe, qui reste néanmoins une maladie éreintante, voire dangereuse pour les personnes à la santé fragile. « La vraie grippe, on s'en souvient quand on l'a eue », rappellent les médecins.
La souche identifiée est de type H3N2, ce qui constituera une bonne nouvelle pour au moins une frange de la population : les vaccinés. Cette variété de grippe A était en effet parfaitement ciblée par la solution vaccinale mise sur le marché à l'automne dernier.
A défaut d'être passé par la case vaccination, l'espoir peut venir d'une autre constatation établie par le réseau médical. Contrairement à l'an passé, les antiviraux fonctionnent plutôt bien.
A une condition : il faut consulter rapidement, après apparition des premiers symptômes, afin que le médicament antiviral puisse bloquer le phénomène de dissémination du virus dans le corps. Une fois qu'il s'est démultiplié, il n'y a plus grand chose à faire sinon attendre, se reposer, surveiller sa température (et au besoin la faire baisser).
Surtout les jeunes
Selon les chiffres des réseaux de surveillance, la tranche d'âge la plus jeune est la plus touchée : 7% environ des petits de moins de 4 ans, 4% des enfants de 5 à 14 ans. Chez les adultes et les seniors, la proportion, à l'échelle du pays, est d'environ 2% de grippés.
Avec des épiphénomènes qui laissent songeurs : la grippe est particulièrement active... dans les stations de ski, où la densité de population et la promiscuité sont très fortes. Bonjour l'air pur de la montagne !
Enfin, le pic grippal doit sans doute beaucoup aux bons sentiments : les échanges rituels de voeux en début d'année et les accolades joyeusement échangées travaillent à la prospérité du virus.
Bonne année, alors ? « Et surtout la santé ! », a-t-on coutume, comme un paradoxe, d'entendre...
Didier Rose
Je pense donc je lis les DNA