Même à l’Élysée, on parle de « mur » du 5 décembre. Pierre à pierre, préavis après préavis, l’opposition à la réforme des retraites prend tant d’ampleur que la maison France est bien partie pour s’auto-séquestrer. Sur le péril de cette journée d’enfermement national, Macron n’a plus guère de prise. En revanche, il y a toujours un lendemain, y compris à l’exaltation protestataire. C’est ce passage à la suite que prépare le président. On l’a vu à Amiens, étape choisie pour reprendre les accents de la compassion sociale : même dans une usine vide, même face aux salariés en désarroi, l’aplomb macronien marche encore. Le premier de cordée donne aux caméras le spectacle d’un courage dans l’adversité, il retrouve un franc-parler censé gommer son parler dur. Cette thérapie de groupe, sur les lieux d’un ratage, reconnecte l’histoire de Jupiter avec le sort d’un peuple qui se sent plus bas que terre. Tant pis si l’exercice de communication est téléguidé, il est dans le sujet : ce président qui se collette avec la réalité ouvrière, on pourra l’écouter le 6 décembre. Chez Whirlpool, Macron passe ses écarts à la lessiveuse. La ficelle est grosse. Mais adroite. Surtout lorsqu’elle n’est pas seule à venir raccrocher l’action gouvernementale à la France mécontente. Le dialogue ouvert, c’est donc Macron. La main tendue, c’est le Premier ministre, qui reverra les syndicats isolément. La zizanie semée dans le camp adverse, c’est une ministre qui brocarde les corporatistes, la CGT étant ciblée en tant que bastion antiréformiste. Macron ébauche sur tous les tons les petits rabibochages d’après le grand défouloir. La sortie de crise devient le seul objectif jouable à ce jour. C’est la leçon des erreurs d’appréciation sur les gilets jaunes. Quand on est dos au mur, on peut vouloir résister bravement, on peut riposter le couteau entre les dents. Rarement négocier l’avenir à son avantage.
|
Didier Rose
L’éditorial
|
Le Grillon
Un pauvre petit grillon
Caché dans l’herbe fleurie
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie.
L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;
L’azur, la pourpre et l’or éclataient sur ses ailes ;
Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs,
Prenant et quittant les plus belles.
Ah! disait le grillon, que son sort et le mien
Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout, et pour moi rien.
je n’ai point de talent, encor moins de figure.
Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas :
Autant vaudrait n’exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie
Arrive une troupe d’enfants :
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon dont ils ont tous envie.
Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper ;
L’insecte vainement cherche à leur échapper,
Il devient bientôt leur conquête.
L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps ;
Un troisième survient, et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d’efforts
Pour déchirer la pauvre bête.
Oh! oh! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons caché.
Jean-Pierre Claris de Florian - Le Grillon
(1755-1794)
Mon chéri, |
Réponse d'un journaliste de Skynews Australie aux jeunes qui ont récemment manifesté pour le climat :
Les gars, avant de protester, éteignez la climatisation, allez à l'école à pied, éteignez vos téléphones et lisez un livre, faites un sandwich au lieu d'acheter de la nourriture. " Rien de cela ne se produira, parce que vous êtes égoïstes, mal éduqués, manipulés par des gens qui vous utilisent, disant que vous avez une cause noble tout en vous amusant dans le luxe occidental le plus fou. Réveillez-vous, et fermez-la. Informez-vous des faits avant de protester ". |
" Si tu es trop fatigué pour parler ,
alors assieds-toi à côté de moi ,
car je parle aussi couramment le silence ."
R. Arnold
Bonjour, c'est moi, La Pluie. Je voudrais répliquer à la campagne de dénigrement que vous menez à mon égard. Je sais que vous me détestez depuis toujours, et cet été encore plus que jamais. Ben vous savez quoi ? Je suis encore plus tannée de vous autres que vous êtes tannés de moi ! Ça fait plus de 400 ans que j'endure, aujourd'hui, je déborde ! Je ne suis plus capable de vous entendre vous plaindre de moi : «Ah non pas encore de la pluie !, Maudite pluie !, Il ne fait pas beau !...» C'est quoi, ça, il ne fait pas beau ? C'est tout à fait subjectif. Pourquoi le soleil, c'est du beau temps et la pluie du mauvais temps ? Vous iriez en Éthiopie, au 100e jour de sécheresse, voir s'ils trouvent qu'il fait beau. Laissez-moi vous dire que, lorsque j'arrive là-bas, c'est moi, le beau temps. Pourquoi êtes-vous en adoration devant le soleil ? Le soleil vous brûle, vous donne le cancer et vous tue. Vous êtes absurdes. Vous vous déshabillez quand il fait soleil et vous vous habillez quand il pleut. Avez-vous déjà gagné au Lotto ? Non ? Ben vous ne serez pas foudroyé non plus ! Que fait l'homme quand il fait soleil ? Il joue au golf. Que fait l'homme quand il pleut ? Il fait l'amour. Vous n'allez pas me dire, messieurs, que vous préférez jouer au golf plutôt que faire l'amour à votre femme ? Et vous, mesdames, vous n'allez pas me dire que vous préférez que votre mari joue au golf plutôt qu'il vous fasse l'amour ? Pourtant, vous chantez le soleil : «Soleil ! Soleil ! ». Vos grands poètes écrivent même des odes à la neige: «Ah! que la neige a neigé...», «Mon pays, c'est l'hiver.» Et pour moi... rien ! Voulez-vous bien me dire ce que je vous ai fait pour que vous aimiez même la neige plus que moi ? C'est du racisme ! Après que je sois tombée, vous n'avez rien à faire. Vous allez dehors et vous sifflez. Le beau temps, ça va être moi.
|