Noir, c'est noir : il n'y a vraiment plus d'espoir.
La bagnole n'est pas que simple révélateur du déclin économique. Elle contribue à saper le moral, même quand les vendeurs parviennent encore à en fourguer l'une ou l'autre.
Une fois sur quatre, question châssis de pointe, les acheteurs voient sombre. Très sombre. La couleur la plus choisie désormais pour briller dans la rue, se faire une place au soleil pâle des parkings souterrains n'est autre que... le noir.
Question gaieté,
on a fait mieux.
Il faut bien reconnaître que la star précédente, dans les catalogues des carrossiers, n'avait déjà pas de quoi provoquer le choc rétinien : jusqu'à récemment, c'était le gris clair qui faisait flasher - et pas que les cabines radars.
Franchement, que le noir fasse rêver ne peut pas être perçu comme signe d'optimisme. Peut-être n'est-ce qu'un effet caméléon, après tout.
La crise et les couleurs
Qu'en période morose, on se montre tellement attiré par des tons fuligineux n'est sans doute qu'une adaptation aux obscurs discours des prévisionnistes. Un genre de symbiose sociale, un ton sur ton réflexe.
Les années 60 avaient leurs pastels, les 70 de jolis orange et citron. Finis ces débordements chromatiques, pourtant bien utiles pour retrouver son bien sur un parking de stade : la mauve, au fond, on ne pouvait pas la louper.
La sinistrose menace, c'est sûr, si on jette un coup d'oeil à la troisième couleur la plus choisie, après le noir et le gris clair : c'est... le gris foncé.
Juste avant le bleu, le blanc et le rouge - dans cet ordre, mais on doute d'un effet patriotique voulu.
Signe qu'existent aujourd'hui des messages à ne plus envoyer, la couleur dorée vient en toute fin de classement.
On n'aura jamais aussi peu roulé sur l'or.