2 février 2021 2 02 /02 /février /2021 11:47

 

 

 

 

La mort rôde. C’est indéniable. Le virus est partout. Il a juste un atout : comme les vampires n’aiment pas l’ail, il n’aime pas les masques, les coudes pleins de morve et le savon. Si on est seul, il ne vient pas. Alors on nous conseille de rester seuls. Il jouit alors du spectacle de nos vies confinées dans nos cellules monacales à déguster des soupes faites avec des légumes que des paysans masqués et cagoulés déposent sur notre paillasson.
Ha, ha, ha ! Le bougre de virus ne sait pas que notre solitude est peuplée ! Dans notre salon, il y a tour à tour des journalistes en stilettos et au brushing parfait qui déclament les infos avec des sourires extraits des pubs pour dentifrice, puis les candidats de ces jeux où il faut connaître par cœur ou le dictionnaire ou les 1 000 titres d’un jukebox.
Dans ton salon donc, à travers la télé, il y a des centaines de personnes qui défilent. Et la mort aussi. La mort par balle, par strangulation ou par immersion dans l’eau, mais la mort fictive.

On voyage à travers le meurtre
Nous sommes des serial killers en pantoufles et bouffeurs de chips. Les confinements nous parquent dans nos quatre murs.
Alors on voyage à travers le meurtre. Dans les séries, on pratique l’assassinat de proximité. Meurtres à Strasbourg. Meurtres à Saint-Malo. Meurtres en Bourgogne, et j’en passe. Meurtres avec des effluves de bons vins, de plats mijotés et de paysages à vous couper le souffle. Ces paysages, on les admirait en été quand on les voyait sur nos écrans au cours des étapes du Tour de France. Maintenant, on voit cathédrales, vignobles et allées royales au détriment d’un être ou deux qui doivent laisser leur vie (pour de faux). Chez nos voisins allemands, c’est pareil. Là-bas aussi, le « Mord und Totschlag » suit un GPS.

Une thérapie contre le spleen
Pourquoi cet engouement pour ces séries avec épanchement de sang, avec vision de salles de réa aux tuyaux multiples et aux bip bip lancinants ? Elémentaire, mon cher Watson : c’est une thérapie pour lutter contre le spleen engendré par nos incertitudes quant à la fin prochaine de cette pandémie.
En plein dans cette pandémie interminable, nous voyons une affaire où il est également question de mort se terminer en 52 ou en 90 minutes. Ça rassure ! Mamema dit : « Alles hett emol e End » (tout a une fin).
Nous voyons ces corps étendus chez le médecin légiste – la star des séries – mais nous, nous pouvons nous lever de notre fauteuil et aller purger notre vessie selon le principe «je pisse donc je suis ».
Et surtout, dans ces petits films, l’assassin est capturé et neutralisé. C’est un tel dénouement que nous attendons pour la Covid. La Covid qui copie les scénarii des Krimis. Après Meurtres en Cornouaille, Mord am Bodensee, voici : « La Covid en Afrique du Sud, la Covid en Angleterre », et qui sait, un jour : « la Covid de Niederschaeffolsheim ».

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2021 3 20 /01 /janvier /2021 12:41

 

 

 

 

 

Comme disent les artistes mis aux fers dans leurs loges avec interdiction formelle de monter sur une scène : « The show must go on ! » Autrement dit : la vie continue.
D’aucuns sont sous respirateur ou se débattent avec Santé.fr pour une date de vaccination, s’ils ne débattent pas sur les murs de Facebook devenus des champs de bataille – Austerlitz pour certains, Waterloo pour d’autres.
Et pendant ce temps-là, la vie des objets continue de façon imperturbable. Les pneus continuent d’éclater, les chaudières continuent de fuir, les armoires en préfabriqué continuent à perdre des vis, la machine à laver continue de bouffer des chaussettes. S’isch eso. Le tragique et le banal se côtoient toujours dans la vie. Mamema dit : « De Krej hett uns nit draan ghindert, uns ufzereje wann mer d’supp versalze isch gewann » (traduction libre : craindre pour sa vie n’empêche pas de craindre aussi de mettre trop de sel dans la soupe !)

Le Blanc est à l’honneur
Avoir peur de la mort n’empêche pas non plus de changer sa literie. La pandémie n’empêche pas la vente de linge de maison. Les journaux sont pleins de photos de taies, de draps de bain à acheter au kilo, de couettes en plumes pour y dormir à poil et de torchons de cuisine qui sont si beaux qu’on les prendrait presque pour des serviettes. Nous sommes en janvier, et janvier est le mois du Blanc. C’est inscrit.

Des coussins doudous pour absorber vos tourments
Le Blanc est à l’honneur. Mais d’une autre façon. Il y a du thérapeutique dans l’air ! Dans ces temps de grande solitude, on vous propose du linge câlin. Ces articles sont faits pour assouvir votre besoin de tendresse à la manière des chats, sauf que vous n’avez pas de litière à vider et de poils à chasser.
La tendresse en vente au rayon « Blanc » ? C’est une réalité. Vous y trouverez des coussins doudous qui absorberont vos tourments et sur lesquels vous pourrez sécher vos larmes. On vous vendra un polochon muni d’un bras gauche et habillé d’une chemise pour pouvoir vous lover au creux d’une épaule, même si elle est en mousse, et pour jouir avec ce « kisse » d’une intimité assez forte pour vous permettre de respirer son dessous-de-bras, même si ce dessous-de-bras sent fatalement le parfum que vous y aurez vous-même spritzé. Il y aura toujours de la douceur dans un monde de brutes.
Le mois du Blanc, c’est maintenant. Avant que janvier 2022 devienne à son tour « mois du Blanc ». Sauf si la foire annuelle dédiée au linge de maison est frappée d’interdiction comme l’est systématiquement toute réjouissance populaire. Si c’est le cas, l’année prochaine, on ne sera pas dans de beaux draps !

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2021 1 11 /01 /janvier /2021 11:53

 

 

Les pulls moches avec leurs têtes de rennes, leurs cristaux de neige ou leurs pères Noël au nez proéminent et rouge ont rejoint les étagères de ce « dressing » aussi incontournable dans les logements que le gel hydroalcoolique à l’entrée des magasins. Les fêtes sont finies. Les familles étaient réunies avec le calibrage à six et avec des discussions enflammées entre les complotistes et les légalistes. Il paraîtrait que des bouts de bûche à la crème servaient d’armes catapultées à la petite cuillère. On en serait venu à des scènes dignes d’une cantine scolaire.
Ces fêtes ont vu des schismes tragiques entre les Schmitt et les Schmitt, les Hufkugel et les Hufkugel au moment de Noël. Elles ont vu une mutation profonde dans l’équipement du ménage depuis la Saint-Sylvestre avec le retour du clic-clac dans les séjours jusque-là dédiés au fauteuil individuel idéal pour profiter de longues séances de Home cinéma !

Jusqu’où iront les mutations ?
« Mer hann jetzt e clic clac », est une phrase exclamative souvent émise par les smartphones qui sont, depuis cette pandémie, ce qu’étaient les couloirs des marchés et les tables de bar avant l’ingestion de pangolin par les Chinois.
Jusqu’où iront les mutations ? Nous devons déjà faire face à la montée du nombre de paranos qui voient le virus partout même dans leur brosse à dents, les bredle et le courrier du ministère des Finances. Je vous le dis, « Howard Hughes n’est pas mort ».
Nous devons nous rendre compte aussi des mutations profondes de l’habitat ! Déjà cette recherche frénétique de balcons où applaudir les aidants, où entendre les mélodies des musiciens de rue, où cultiver des herbes bonnes pour le système immunitaire et où installer la poulie pour les livraisons de courses et de plats cuisinés !
Voilà maintenant le retour du clic-clac et de la transformation radicale du living-room en chambre d’amis !

Nous ne sommes pas près de sortir de l’auberge
Pas de cinéma, pas de théâtre, pas de bar. La vie sociale se résume à ces soirées entre amis dédiées au Scrabble, à la raclette, à la fondue et aux apéros à thème ethnique. Pour avoir encore un semblant de vie sociale, malgré le couvre-feu, on n’a pas d’autre choix que de les garder pour la nuit : « Venez, c’est l’anniversaire de Gilles ! Vous pourrez dormir chez nous. On a un clic-clac. » Et voilà, c’est parti ! Des lendemains où le salon sent les pieds et l’haleine nocturne. Des matinées où on voit deux trousses de toilette étrangères posées près de la fameuse « double vasque » de la salle de bains. Peut-être tomberez-vous même nez à nez avec un dentier flottant dans un gobelet !
Vive l’amitié ! Vive le clic-clac ! N’hésitez pas à investir ! Le couvre-feu devient pérenne. On n’est pas sorti de l’auberge. Sortir de l’auberge ? C’est une expression qui devient tragique avec les règles antivirales promulguées. Nous ne sommes pas près de sortir de l’auberge. Du moins tant que nous n’avons pas même l’autorisation d’y rentrer.

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2020 7 27 /12 /décembre /2020 16:52

 

 

pub pour des chaussures

 

 

Il n’avait pas tort, le philosophe au nez rouge et aux gants de boxe de la même couleur : « Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi, je te dirais comment t’en passer. »

Diss brucht mer nit !

Cette année 2020 nous a appris à nous passer de tant de choses classées indispensables. Ce virus nous a fait entrer de plain-pied dans une ère de renonciation. On entend de plus en plus cette locution jusque-là réservée aux ascètes de tous poils : « Diss brucht mer nit ! » (On n’a pas besoin de ça). Faire des soirées en discothèque ? « Diss brucht mer nit ! » Faire des ribotes à 40 personnes ? « Diss brucht mer nit ! » Faire des dîners de Noël avec la meute familiale réunie pour en découdre dans un fumet de volaille et des effluves de grand cru ? « Diss brucht mer nit ! ». Faire du ski sur les pentes neigeuses à Ischgl et brailler : « die Hände zum Himmel » dans une Beitz où se fête l’après-ski ? « Diss brucht mer nit ! » Déambuler entre des stands de lametta, un verre de vin chaud et une crêpe chocolat dans la main ? « Diss brucht mer nit ».
On nous dépeint notre vie d’avant comme une vie de fêtard égoïste, maintenu dans une euphorie perpétuelle par ingestion de mojitos ou de fromage gratiné, et par des contacts sempiternels sous forme d’étreintes ou de bises (même mouillées) distribuées à la volée à des receveurs anonymes comme les tracts aériens des années 50.

L’heure n’est plus à la désobéissance

« On peut vivre sans », disait maman quand je me suis mis mon premier rouge à lèvres ! Oui, mais le rouge à lèvres rendait ma bouche plus pulpeuse et me permettait de marquer mon territoire sur le cou ou sur le col de chemise d’une conquête faite dans les salles de la culture ou de la danse. Alors je désobéissais.
Hélas, l’heure n’est plus à la désobéissance. Tout écart au règlement peut être létal ! Maintenant, plus de salles obscures ou inondées de spots psychédéliques pour faire vibrer son corps enlacé à un autre corps sous les notes de « Night in white satin » ! Plus de touche-touche non plus. Il faut de la distance. Et se mettre du rouge à lèvres, c’est ridicule, ça tache le masque.
Plus de théâtres non plus pour voir les contes de Noël, les ballets, les concerts et ces tranches de vie sublimées par l’usage de mots dont la combinaison en phrases cultes n’appartient qu’à ceux qui savent raconter la vie et en tirer la substantifique moelle. Et là, je dis : « Diss brichte mer ! » On en aurait besoin ! Comme on a besoin d’embrasser mamema, d’accompagner l’oncle Camille au cimetière, même en étant le 31e participant, soit celui qui est de trop.
Après le chiffre 19 du Covid, chiffre de l’horreur, il y a le chiffre 6, chiffre des tables, puis le chiffre 30, chiffre des cérémonies et maintenant le chiffre 100, orthographié « sans », le chiffre de la résignation.

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2020 2 15 /12 /décembre /2020 12:07

 

 

 

L’Allemagne est entrée dans mon existence par les oreilles avec les sons sortis du Saarländischer Rundfunk et les émissions de Gerdi und Fritz Weissenbach ! Le « Schneewalzer » et le « Junge, komm’bald wieder » se sont gravés avec de profonds sillons dans la chair de mon oreille interne où ils cohabitent avec le « Gegrüsset seist Du, Maria » et le « Stille Nacht ». L’Allemagne est entrée dans mon nez avec le « 4711 » l’eau de Cologne familiale.
Mes passages vers l’Allemagne avec mes parents étaient des épisodes rocambolesques du feuilleton « Douanes sous haute surveillance ». On passait la frontière retour avec des habits neufs achetés chez Adler dans lesquels mamema avait cousu de vieilles étiquettes pendant notre Kaffekränzchenhalt dans un de ces Konditoreien où le café ne se boit pas sans « Bärenmarke ». Je ne vous dis pas l’adrénaline épanchée pendant ces voyages !

L’adrénaline douanière
Et voilà que pendant le premier confinement, l’adrénaline douanière est revenue. Pire parfois. Mes amis frontaliers mettaient souvent une heure pour passer la douane. « Papiere bitte ! », avec contrôle de la pression des pneus et tests d’alcoolémie dès 5 h du matin. Les Allemands sont devenus étranges. L’Allemagne est devenue un pays étranger durant cette pandémie. À la suite des décrets en matière de tourisme, elle nous était devenue aussi inaccessible que la Grèce et la Thaïlande. Récemment encore, les Alsaciens habitant la frontière se posaient la question : On a le droit d’aller à un kilomètre mais ce kilomètre peut-il comporter un passage de la frontière ?
Le coronavirus m’a enlevé le goût de l’Allemagne. J’y cherchais des moments de liesse et de folie dans ces moments de brutalité extrême. J’y allais crier « hellau » pendant les cavalcades de la Fasenacht, j’allais schunkler dans les Bierfeste, Weinfeste et Wurstfeste, j’allais booster mes hormones dans des concerts des Kastelruther Spatzen et faire fuir mes toxines à la Caracalla de Baden-Baden.
Bref, j’y avais ma « second life » dans des odeurs de Currywurst. Fertig ! Aus ! Alles geschlossen ! Tout est si loin, du coup. Ne plus avoir accès à ces rituels festifs et récréatifs a rajouté au côté monacal de ma vie. Je reste plus que jamais dans ma cellule solitaire avec mon thermomètre frontal. Même les feuilletons allemands me semblent venus d’une autre planète. Derrick est devenu Roswell.
Lili dit : « Oui mais tu peux quand même y aller pour le shampoing. » Nooooon ! Les shampoings, ça non ! Je préfère faire une cure de sébum. Je ne me lave plus les cheveux, pendant deux mois, et après, plus de shampoing allemand ! De l’eau, du savon de Marseille et un rinçage avec du Melfor. Ohne Sehnsucht ! Oder doch ? (Sans nostalgie ! Encore que…)

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

 

 

 

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2020 1 30 /11 /novembre /2020 12:28

 

 

 

C’est parti ! Les calendriers 2021 garnissent les rayons des libraires, des casernes de pompiers et des fermes. Eh oui, depuis que l’amour est dans le pré, il n’y a pas que le pis de la vache sur les photos, il y a aussi les seins des fermières ! Elles ne sont plus sous la pression d’un dress-code de l’Éducation nationale et peuvent donc allégrement pointer leurs glandes lactées pour venir en aide aux enfants nécessiteux. Oyez, oyez, braves gens !
N’achetez pas de carnets qui contiennent des cases pour y inscrire des dates récurrentes comme « messti à Oberniederdorf », « grande fête pour les 90 ans de mémé », « sortie bus pour aller à l’Oktoberfest », « carnaval à Nice » ! Inutile, on ne peut plus rien prévoir, tout est annulé, « storniert », comme disent nos voisins, « abgebloose », comme dit mamema.

Jetez vos agendas !
Jetez vos agendas ! Ou utilisez-les pour des fins biologiques, vos rendez-vous avec le pédicure, vos dates de prise de sang, les jours déconseillés pour le coït selon la méthode Coué et avec les photos quotidiennes de vos selles pour lutter contre une invasion maligne de votre corps ou pour débusquer un tænia.
Toutes les dates de réjouissance sont bannies. Fêter l’anniversaire de mémé, c’est risquer un de ces clusters capables d’anéantir toute une famille comme dans cette histoire où l’ogre a dévoré ses sept filles.
Et je ne vous parle pas des concerts de mai 2020 qui auront lieu en mai 2021… peut-être, ou Noël qui ne se fêtera même pas en décembre !

Il n’existe pas encore de vin chaud en intraveineuse !
La polémique est là ! Les aréopages se réunissent. Les pouvoirs d’un maire ou d’un Bürgermeister se doublent d’un rôle de ministre-potentat en matière de santé et de vin chaud ! La révolution gronde. En Allemagne, moult villes optent pour le « Glühweinfrei », sans vin chaud !
Il faut dire que ce breuvage conduit à des chants publics et bruyants avec des bouches grandes ouvertes qui expulsent des millions de bactéries et de capsules mortifères dans l’air. Et on enlève le masque pour boire, hélas, il n’existe pas encore de vin chaud en intraveineuse ! Gott soll wache ! Grand Dieu de grand Dieu, quel Noël nous attend ? !
On avait déjà le Noël sans crèche à cause de la laïcité, le Noël sans sapin préconisé pour sauver les arbres. On aura cette année le Noël sans les crêpes à cause de l’interdiction du rhum « negrita » et sans vin chaud. Dieu ! Que le petit Jésus aura un triste anniversaire. Vive les marchés de Noël individuels et confinés ! Mamema dit : « Schad um de Chrischdeles ! Ich bin so gern durchsuecht worre vom e so scheene Schutzmann » (dommage pour le marché de Noël ! J’adorais les fouilles au corps. Les policiers étaient si mignons).

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

mais toutes les deux... alsaciennes  ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2020 2 17 /11 /novembre /2020 01:00

 

 

 

Braves gens ! Nous ne sommes pas seulement confinés, nous sommes en conditionnel. Le présent de l’indicatif dit narratif nous rend dépressifs. « Mon coiffeur est fermé - L’élastique de mon masque me fait mal aux oreilles - Lili ne se brosse plus les dents, elle dit qu’avec le masque, personne ne peut sentir sa mauvaise haleine. »

Vous remarquerez que le présent de l’indicatif ne nous transcende pas. Et le conditionnel ? N’est- ce pas le mode du « tout est possible » ? L’adage dit : « Avec des si on mettrait Paris en bouteille. » Nous sommes donc en train de mettre Paris en bouteille tant le « si » envahit les conversations.

Notre Premier ministre a bien essayé de nous faire peur avec ce conditionnel dépressif. « Il ne serait pas raisonnable d’espérer. » Mais nous, on espère ! Nous, on aime le conditionnel constructif ! On se projette dans un avenir radieux avec des « si ».

C’est une symphonie en si qui retentit au quotidien. « Moi, je partirais le week-end à Capri en avion s’il y avait des avions – Si je vis encore dans 50 ans, c’est que je ne serai pas mort – Si mon cousin se présentait à l’Eurovision, on y aurait quelqu’un de la famille. »

Certes mais la pandémie a réussi à mettre nos « si » si enthousiastes en si mineur, celui des frustrations. « Jooo, Monsieur Hakenschmitt, je suis sûre que si votre coiffeur était ouvert vous ne vous seriez pas rasé la tête pour que ça fasse propre, gall ? » « Croyez-moi Lucie, si j’avais pu aller en Allemagne le 11 novembre, j’aurais mangé de l’oie farcie avec des knödels mais c’est fermé, alors j’ai juste regardé la recette sur YouTube. Ma bonne Lucie, je vous jure, si j’avais su, j’aurais mangé de l’oie avant le 11 novembre car Gernot le restaurateur allemand a dit au Südwestfunk que s’il avait su il aurait fait la Martinsgans au Michelstag le 29 septembre et moi le 29 septembre j’aurais été là. »

C’est vrai, Martin ou Michel, peu importe le saint du jour pourvu qu’on puisse se taper une oie cuite au four. Avec le si, on refait sa vie autrement !

2020 ? « Si j’aurais su, j’aurais pas venu »

Et Noël dans tout ça ? Rien n’est sûr. Que de « si » sifflent sur nos têtes à l’évocation de cette fête ! « Si ma fille ne pouvait pas avoir un chalet, qu’est-ce qu’elle ferait de toutes ses bougies ? Elles devraient les refondre pour Pâques pour faire des lapins-bougies ? – Madame Heinrich, si on n’a pas le droit d’avoir plus de six personnes, on va faire quoi ? Noyer Tonton Émile et Tata Fernande ? – Ils disent que si les lits de réa ne sont pas vides, Noël ne pourra pas avoir lieu ! Vous le croyez ça ? Noël, c’est quand même une crèche remplie avec un bébé, ce n’est pas un lit de réa vide – Monsieur Klein, je vous le dis, s’ils ne faisaient pas Noël ce serait presque mieux. Moi, Noël, ça me fait peur, tu pourrais avoir un PV si tu avais les trois rois mages ! »

Nous sommes en » conditionnel ». En ce qui concerne l’année 2020, je dirais comme Petit Gibus : « Si j’aurais su, j’aurais pas v’nu. » Nous vivons dans le doute. Tout n’est pas perdu car, comme le dit un sage oriental, « le doute n’est pas toujours la racine de la réalité ».

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

mais toutes les deux... alsaciennes  ...

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2020 3 21 /10 /octobre /2020 11:07

 

 

 

Six devient le chiffre des relations sociales ! Je me croyais dans les clous : avec leurs conjoints, mes enfants sont six. Mes petits-enfants sont six. Pour les repas de famille, c’est parfait. Dans une pièce, il y aura les enfants, dans une autre pièce mes enfants avec leurs conjoints. De part et d’autre, il y aura un buffet adapté où ils pourront se servir ce qu’un ex-restaurateur devenu traiteur à domicile leur aura livré. Dans les clous ? Oui, sauf qu’il y a moi ! Avec la nouvelle réglementation, moi, je deviens la septième roue de la tablée. « Nous sommes désolés, maman. C’est la nouvelle loi. Nous n’avons pas de place pour toi. Et puis, c’est pour ton bien. N’oublie pas que tu es personne à risque avec ton diabète ». Et me voilà bannie des agapes qui débutent par des feuilletages au cumin et se terminent par des tiramisus et des tartes au citron.

À la rue, Jésus et moi

Vous me connaissez. Je me suis dit : même pas mal ! Je cours dans les restos pour dilapider cet argent qu’on appelle « économies » et qui finit toujours par arroser les cœurs secs de ces échappés de votre utérus. Me voilà à l’entrée d’un restaurant où le buis posé devant le comptoir a été remplacé par une fontaine de gel hydroalcoolique. « Bonjour Madame, vous êtes combien ? » - « Je suis seule. » « Nous sommes désolés, Madame, mais vu les mesures de distanciation que nous devons appliquer, nous ne recevons plus que les groupes de six. Six par table, c’est la loi, et nous appliquons la loi. » Hopla ! Dans les établissements voués à la gastronomie, Jésus aurait pu placer ses apôtres à deux tables mais lui aurait subi le même sort que moi. À la rue, Jésus et moi ! Même combat, me mettre au ban de la dorade et de la crème brûlée, et c’est Jésus qu’on humilie !

Quand je pense au chiffre six, je penserai dorénavant au chiffre 66, le chiffre du diable et de la damnation. Ma vie ne sera plus la même. La femme seule ne permettra jamais à un groupe d’avoir ce chiffre rond qui ouvre les portes des invitations et des libations. Je suis condamnée à manger de petites salades de tomates avec un cervelas, des soupes mixées dans un petit blender ou encore un filet de truite avec une petite purée. Finis pour moi les pot-au-feu aux myriades de crudités et les choucroutes surmontées de chapelets de saucisses !

Même mon chandelier n’a plus sept branches

Je vous vois verser une larme sur mon triste sort. Séchez-la ! J’ai trouvé un filon pour remplir mes escarcelles : je loue mon trois-pièces pour les mariages. Il est aux normes : la table de cuisine et celle de la salle à manger ont six places assises, les fauteuils du séjour sont au nombre de six. J’ai même adapté mon chandelier. Il n’a plus sept branches, j’ai enlevé celle du milieu. Que la fête commence !

 

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

mais toutes les deux... alsaciennes  ...

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
28 septembre 2020 1 28 /09 /septembre /2020 10:29

 

 

Le mythe d‘Ève persiste, le mythe de la femme créée pour faire entrer l’homme dans la tentation. Il faut remettre les choses à leur place ! Ève a été créée afin que l’homme ne soit pas seul. Elle devait être une personne de compagnie au même titre qu’un chat et s’occuper de son bien-être avec pour cela des talents divers, allant de la confection des repas à la conversation en passant par la cueillette des fruits et la reproduction afin que l’humanité demeure et que l’homme ait des compagnons pour la chasse et la belote.
L’histoire d’Adam et Ève relatée dans la Bible contient un message simple et tragique dans son interprétation. Dans cette histoire de paradis, il n’y a pas encore de place pour les droits des femmes, à savoir la liberté de disposer de leur propre corps en toute liberté et la possibilité de gérer elle-même les tenants et les aboutissants de la vie. La Bible a donné les codes de vie primitifs sans tenir compte des mutations ultérieures de la société.

Les hommes seraient-ils devenus des barbares assoiffés de violence ?
Pour la même raison, la Bible ne parle pas des comportements civils à garder au volant d’une voiture ou des dangers à manipuler un PC. Cela n’existait pas encore. Mais surtout, en ce qui concerne les femmes, elle n’a pas émis de dress-code si ce n’est de se distinguer de l’homme dans la façon de se vêtir (Deutéronome).
Et voilà que la jupe fait ombrage au bien-être de l’homme qui ânonne des principes moraux selon lesquelles la moralité de la femme serait proportionnelle à la longueur de la jupe. La jupe longue serait un gage de comportement exemplaire et de citer les aubes des religieuses. Il paraîtrait que la jupe émoustille les hommes, cette jupe qui était avant tout une cabine qui permettait à une femme de faire pipi n’importe où juste en écartant les jambes dans les rues et dans les champs en n’omettant pas de multiplier les jupons pour éviter à l’urine d’imprégner les tissus des jupes.
Oui, mais les jupes sont courtes et les hommes se sentent émoustillés. Et alors ? Ne sommes-nous pas humains parce que nous savons refréner nos instincts les plus bas ? ! Les hommes seraient-ils devenus des barbares assoiffés de violence ? Il y a l’homme aveuglé par le désir de pouvoir qui sort le pistolet pour donner une leçon au paltoquet qui a eu l’outrecuidance de le dépasser sur la route. Il y a l’homme qui veut couper les c… aux chevaux sans leur murmurer des choses tendres à l’oreille et il y a maintenant l’homme qui se rue sur une femme en jupe parce que la vue des genoux de la belle lui a donné un droit de visite sans aucun interdit, voire un droit de frapper ! Je porte moi-même des jupes. Heureusement que je suis au-delà de la date de sévices.
Si on rajoute à cela les « cogneurs de l’intime », ceux qui battent leur femme même si elle porte un jogging informe, la palette de la violence est immense. Mamema dit : « D’fraue selle ehri buewe richtig ziche » (les femmes doivent éduquer leurs fils correctement). N’oublions pas que chaque homme porte en lui l’éducation que lui a donnée une femme : sa mère.

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

mais toutes les deux... alsaciennes  ...

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 11:19

 

 

Ensemble est un mot en perdition totale sauf dans le vocabulaire de celui qui monte ses meubles en kit et qui au moment de la vis finale peut s’écrier : « C’est bon ! Ça tient ensemble ».
Dans le contexte pur de la vie sociale, le mot ensemble est remplacé par le mot cluster, attribué à bien des réunions familiales (« un cluster lors d’un mariage »), à des réunions sportives (« un cluster au Racing ») ou à des réunions de travail (« un cluster à l’école de Lingolsheim »).
Mamema dit : « Moi, ce sont les clusters de thés dansants qui me manquent ». Mamema ne sait pas que cluster est un mot qui contient une notion de contamination quasi-létale, pour elle c’est synonyme de club.
Et voici que se développe le syndrome Howard-Hughes, le besoin de la vie en reclus afin d’éviter toute atteinte virale par contact. Le producteur américain Howard Hughes vivait seul coupé du monde et des autres. Tout ce qui lui était présenté devait être stérile et aseptisé.
Vous nous reconnaissez ? Tout est désinfecté avec le gel hydroalcoolique. On nous conseille vivement : « Restez chez vous ». Les appartements deviennent des endroits de vie monacale.

Ça se bouscule dans l’antre de ma solitude
Même si l’on y vit à plusieurs, on reste dans la notion de monastère car rien n’empêche la vie en commun pour les « congrégations » réunies d’habitude sous couvert d’avoir le même nom ou des ADN toujours mêlés sur les draps, les serviettes et les bouteilles de gel hydroalcoolique.
Le must, c’est de vivre seul à plusieurs. C’est ce que je pratique. Et je peux vous dire que ça se bouscule dans l’antre de ma solitude.
Dans ma cuisine, j’ai mis les photos de tous ceux qui étaient importants dans ma vie pour les rituels quotidiens du “bonjour” et du “bonne nuit” avec narration des anecdotes de la journée. Le ghost-whisperer-syndrome (syndrome du fantôme qui murmure à l’oreille...). Une vie sous le sourire de maman.
L’après-midi, je le passe avec divers inspecteurs de police, Barnaby, Poirot, Columbo, Korbinian Hofer, Reuther de Weimar ou Maigret, l’occasion de glaner des envies de manger eine Schweinehaxe ou de boire un chocolat chaud.
A midi, je suis l’émission William à midi. Vous devriez, elle vous rend fort ! On vous y apprend à choisir un canapé, à savoir tremper le pain dans le café, à faire la différence entre un arrosoir et un diffuseur d’eau. Bref, on vous y prend pour un con !

Je suis devenue sculpteur sur melon
C’est bon pour la résilience, ça développe de multiples talents cachés que vous déterrez pour clouer le bec à tous ces “experts” nourris par Wikipédia, ces mannequins du brushing perchés sur les tabourets de William Leymergie.
Personnellement, je suis devenue sculpteur sur melon. Je mets sous résine et j’expose dans mon salon.
Tout à l’heure je vais réécouter mes chroniques de France Bleu Elsass. Mamema dit : « Hesch recht (tu as raison), il faut pouvoir faire confiance à la personne qu’on fait entrer chez soi ».

 

 

 

Huguette Dreikaus ? 
non ....ce n'est pas moi....

mais toutes les deux... alsaciennes  ...

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Texte Libre

 

Articles RÉCents

Liens