On a beau avoir une santé de fer,
on finit toujours par rouiller.
La vie est une cerise
La mort est un noyau
L'amour un cerisier
Un seul oiseau en cage la liberté est en deuil.
Mangez sur l'herbe
Dépêchez-vous
Un jour ou l'autre
L'herbe mangera sur vous.
Il faudrait essayer d'être heureux,
ne serait-ce que pour donner l'exemple
De deux choses lune l'autre, c'est le soleil.
Homme, tu as regardé la plus triste la plus morne
de toutes les fleurs de la terre
Et comme aux autres fleurs tu lui as donné un nom.
Tu l'as appelée Pensée
Ce n'est pas tellement triste, un enterrement.
Il suffit qu'il y ait un peu de soleil dessus
et tout le monde est content.
Le Temps nous égare
Le Temps nous étreint
Le Temps nous est gare
Le Temps nous est train.
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé
sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire
de l'homme qui a faim
Lièvres
je vous en prie
souvenez-vous du jour
du fameux jour
où la tortue est arrivée avant vous
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas.
Un enfant ramassait Des étoiles de mer... Sans relâche, il courait Les remettre à la mer
Un vieil homme lui dit Car pris de compassion, Ne sais-tu point petit Qu'elles meurent par millions ?
Ce n'est pas ces deux-là Que tu tiens dans ta main Qui changeront quoi que ce soit... Tu n'y changeras rien !
Monsieur, je sais tout ça Dit l'enfant, mais voyez-vous Je sais que pour ces deux-là Au moins ça changera tout ! ....................................................................................................
Petit Paul un enfant d'à peine six ans Au champ d'aviation un jour est venu Un aviateur allait à ce moment Monter dans l'avion quand Paul l'aperçut Il courut à lui puis d'une forte voix Il lui dit: "Monsieur, de grâce, écoutez-moi".
"Votre avion va-t-il au paradis ? J'aimerais tant y monter avec vous Ma mère s' y est rendue on me l'a dit Je m'ennuie d'elle chez nous Vous n'aurez qu'à m'y laisser en passant J'y retrouverai ma chère maman Emmenez-moi donc je suis si petit Avec vous au paradis."
Mais l'aviateur avait au même instant Parti le moteur sans garer le petit Et l'énorme oiseau se mit en mouvement Frappant au passage l'enfant près de lui Il tomba, blessé, on croyait l'enfant mort Mais on l'entendit qui murmurait encore.
Ma petite joie Tout au fond de moi Elle me dit bonjour Au début d'chaque jour Je voudrais qu'elle soit Dans les autres ma joie Qu'elle leur donne la main Tout au long du chemin.
Ma petite joie chez moi Oh! qu'elle est bien installée Elle est tout au fond de moi Le Seigneur me l'a prêtée Mais pour la conserver Il me faut la donner À ceux qui viennent chez moi Et qui ont besoin de joie.
Ma petite joie Tout au fond des bois Elle glisse doucement Elle est comme le vent Au soleil elle brille Et la nuit elle scintille Je la sens, elle est là Elle ne me quitte pas.
Ma petite joie Tout au long des jours Elle me montre la voie Qui conduit à l'amour Le Seigneur qui me voit Un beau jour me dira La joie que je t'ai donnée Remplira l'éternité.
J'ai peur J'ai peur J'ai toujours peur Peur de toi Peur d'eux Peur de moi-même J'ai peur de l'aube Jusqu'à l'heure du coucher Et je crois que j'ai peur encore De rêver
J'ai peur des ombres projetées De la nuit De l'hiver Des conflits J'ai peur de dire non Quand on voudrait Que je dise oui Et j'ai peur encore De mes lampes éteintes Qui pourraient s'allumer soudain
Notre pays est un Jardin, et de tels jardins ne se créent pas En chantant "Que c'est beau !" et s'asseyant sous les ombres, Pendant que de meilleurs hommes que nous, entreprennent leur vie de travail En désherbant, avec couteaux cassés, les gravillons dans les allées.
Il n'y a aucune paire de jambes aussi frêles soit-elles, aucune tête si dense, Il n'y a aucune main si faible et blanche, ni même de coeur si malade, Qui ne peut trouver besogne nécessaire qui a besoin d'etre entreprise, Car la Gloire du Jardin glorifie chacun d'entre nous.
Cherche donc avec gratitude ton Travail et Oeuvres tant que tu ne recois d'autre Commande, Même si ce n'est de poser filets sur les fraises, ou tuer limaces dans les fleurs ; Et, losque ton dos cessera de te faire mal et tes mains commenceront à durcir, Tu te trouveras comme partenaire dans la Gloire du Jardin.
Oh ! Adam était jardinier, et Dieu qui le créa sait Que la moitié du travail d'un vrai jardinier s'accomplit sur les genoux, Donc quand ta tâche est terminée, lave-toi les mains et prie Pour la Gloire du Jardin, et qu'Elle ne meurt jamais ! Et la Gloire du Jardin, Elle ne mourra jamais !
John Rudyard Kipling (Bombay, le 30 décembre 1865 - Londres, le 18 janvier 1936) est un écrivain britannique. Prix Nobel de littérature