Il n'est pas très grand : un millimètre de long, et encore, dans la force de l'âge. Il n'est pas ultra intelligent : 300 neurones bien tassés, en configuration course. Et il n'est même pas mignon : avec ses 1 000 cellules toutes mouillées et son petit corps transparent, on ne le voit pas vraiment briller en discothèque. Seulement voilà, lui au moins nous parle de notre avenir. Et sans mentir. Car ce superbestiau a une qualité qui fait chavirer les chercheurs : sa faible espérance de vie, trois semaines pour les plus balèzes, permet de mesurer, comme en accéléré, les stratégies de lutte contre le vieillissement. Pas glamour pour un sou, le ver C. elegans - le mal nommé -, est donc devenu une star des labos. Adieu souris, lapins, couvées : M. Le Ver, sans se tortiller des mois, montre comment les cellules clamsent ou font la danse du ventre, suivant le traitement appliqué. Le ver qui fait luire Noël Des bidouilleurs de génie ont déjà réussi à doubler la vie de Mister C. elegans. Coup de maître, plus délicat à obtenir chez l'homme. Un début de régime à peine approchant, appliqué à des humains, a surtout provoqué dépression, chute de la libido, frilosité chronique et comportement asocial. A vous dégoûter de devenir bicentenaire. Donc, des réglages sont encore nécessaires. Les chercheurs ont dès lors fixé leur priorité : non pas gagner indéfiniment en survie, au prix d'un calvaire physique. Mais plutôt prolonger le vécu en bonne santé. Et, si possible, avec toute sa tête. Sur ce plan, le ver magique, avec son intellect franchement limité, n'est pas d'un grand secours expérimental. De grands savants ont quand même osé ce pronostic : la molécule de jouvence, c'est pas pour demain. Sauf à croire au père Noël. A ce propos, un facteur de longévité vraiment incontestable serait le maintien des liens sociaux (les vrais, pas facebook !). Juré, on ne pestera plus de la même manière contre les serial raouts de fin d'année. Didier Rose Je pense donc je lis les DNA Dernières Nouvelles d'Alsace |