L’année scolaire avait failli s’achever sans encombre. Et voilà qu’on va devoir jeter au feu livres et cahiers. Du moins à écouter ces gens, très sérieux, qui nous auront prévenus : si les discours les plus péniblement machistes abondent ces jours-ci, la raison en revient, selon eux, non pas tant à l’actualité du FMI qu’aux écoles de quartier. Les combattants pour l’égalité des sexes accusent : en faisant la part trop belle aux messieurs, les cours d’histoire gravent le réflexe misogyne dans les crânes. Cet appel à une absolue parité donnera des migraines, dans l’Éducation nationale. Ne serait-ce que pour trouver l’équivalent chez les femmes, en nombre aussi bien qu’en intensité, de tous les infâmes barbares, fieffés affameurs et affligeants Attila dont le genre masculin a su gratifier la planète. Devoirs d’histoire À moins qu’il ne devienne de bon ton, dans un souci un peu extrême de réciprocité, de chercher, à toute force, la femme. Faudra-t-il lier sans barguigner le pape Serge III ET Théodoria, Clovis ET la nièce de Gondebaud, le président Faure ET Marguerite, Mme Colette ET la comtesse de Morny, Charles le Téméraire ET Jeanne Hachette, le Général de Gaulle ET Yvonne, Chirac ET maman, le prince Williams ET Kate (ET surtout sa sœur Pipa) ? C’est sûr, les dissertations prendraient une autre tournure. L’Histoire est un terrain glissant, sa révision assez casse-pattes, même sous couvert de sentiments louables. Au nom de la lutte contre le sexisme, rhabiller un passé effectivement et absolument sexiste risque par paradoxe de faire mauvais genre (s). À moins qu’on ne se résolve à revisiter tous les programmes scolaires, pour cause de phallocratie rampante en maths (un vecteur, une matrice), en sciences de la vie (y a-t-il plus sexué ?), et surtout, surtout en français. Une bonne fois pour toutes, on ferait rendre gorge à d’insupportables discriminations d’accords, dans cette langue française qui sait faire suer sur les genres. L’avancée (mot féminin) serait historique. Didier Rose Je pense donc je lis les DNA Dernières Nouvelles d'Alsace |