Franchement, le 11 novembre, c’est mieux que le 25 décembre ! Le 25 décembre, c’est juste Noël, c’est bûche, dinde et Stille Nacht ! Point. Mais le 11 novembre ! Que de sollicitations commémoratives. D’abord il y a la cérémonie au monument aux morts sur lequel sont inscrits les noms de ceux qui ont laissé leur vie à Verdun ou à Tannenberg. On y lit des noms et on entend « c’était mon grand-oncle » ou « c’était mon arrière-grand-oncle ». On ne pense pas, qu’en 1918, on disait des mêmes hommes tombés au front : « C’était mon fils », « c’était mon mari ». Après l’adieu aux morts, « Il Silenzio » joué par à la trompette, pendant l’apéro au bistrot de Yolande, Mamema parle de sa tante Hélène : « Ehre Louis isch umkomme un sie hett nie ghierot » (son Louis est mort à la guerre, elle ne s’est jamais mariée). Je repense à toutes ces filles déjà veuves avant d’avoir pu se marier et qui sont restées seules et fidèles toute leur vie à celui dont le portrait trônait au-dessus de leur lit dans l’alcôve. Le temps des fiancés en deux dimensions.
Journée internationale des célibataires
C’est là que ma copine Lili dit : « Et si on fêtait le célibat ? » Regardez le calendrier, « 11 novembre : journée internationale des célibataires ». La fête de ceux qui préfèrent l’union libre mais aussi le jour où on pense à ceux qui sont seuls, désespérément seuls. En 2021 on n’a même plus la chance de se faire passer l’anneau au deuxième tour comme « avant », quand les femmes se précipitaient sur les célibataires hommes après un veuvage qui les laissait sans revenus, sans sécurité sociale et sans allocations familiales !
Finie aussi la deuxième chance pour les « jungfere » (vierges) recherchées « en vue de mariage » par les veufs en mal de maman de remplacement pour élever leurs six enfants. Mais comme me dirait Mamema, « Ledi gstorwe isch au nit verreckt » (mourir célibataire ne veut pas dire crever comme un chien). Daniel, chocolatier de son état, rajoute : « Vive les filles célibataires ! Elles sont seules et se consolent avec les pralinés ». Vrai. Personnellement, j’adore me régaler avec les boules de Mozart (Mozart-Kugeln).
Tout cela est bien triste ! On en a presque envie de pousser le hurlement du loup. « Houuuuu, houuuuuu ! » Le cri qui libère. À défaut de hurler comme un loup, vous pouvez aller à Varaignes dans le Périgord pour participer au concours du cri « glou glou » organisé pour la foire aux dindons. C’est aussi une des fêtes du 11 novembre ! La fête du dindon vivant. Car dans un peu plus d’un mois, on fêtera le dindon mort… ou l’oie morte.
La fête de l’oie
Quoi ? L’oie ? Bon sang, mais c’est bien sûr. Le 11 novembre c’est aussi la fête de l’oie ! La Martinsgans ! L’oie de la Saint-Martin qui se déguste avec choux rouges et Knödel de l’autre côté du Rhin. Oui, chez les Allemands. Et alors ? Y aller c’est faire honneur à l’Armistice et à la Paix.
|